La transversalité pour décrypter les multiples facettes du psychisme
La pluridisciplinarité est au cœur de la recherche et du soin en psychiatrie. La compréhension du psychisme et des affections psychiatriques comprend en effet autant de facettes que le psychisme lui-même…
La psychiatrie, à la croisée des champs médical et social
La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent illustre tout particulièrement la vocation pluridisciplinaire du psychiatre. Neurosciences, sciences cognitives et psychologie du développement sont essentielles pour comprendre les transformations considérables du cerveau des enfants et des adolescents. Mais les neurosciences ont des applications pratiques limitées et, surtout, le développement des jeunes est indissociable de leur environnement familial et de la société dans laquelle ils grandissent.
Quant à la perte d’autonomie des personnes âgées, elle est aggravée par les troubles mentaux, notamment la dépression et les troubles anxieux. En cause, des facteurs nombreux et hétérogènes : constat de la perte de ses capacités, exposition à l’adversité (deuil, baisse du revenu, mais aussi et surtout isolement social et même maltraitance). D’où la nécessité d’offrir à ces patients une prise en charge globale, avec l’intervention de différents professionnels des champs de la santé et du social, pour améliorer durablement leur qualité de vie.
Quand les neurosciences se prêtent main-forte pour appréhender le cerveau
La complexité du cerveau et du psychisme offre de formidables perspectives pour un étudiant en psychiatrie, puis pour un médecin psychiatre.
La compréhension du fonctionnement du cerveau nécessite de recourir à toutes les autres disciplines que recouvre le terme « neurosciences » – neurobiologie du développement, neuroanatomie, neurobiologie moléculaire et cellulaire, neurochimie et neuropharmacologie, neuroendocrinologie, neurosciences cliniques, neurologie, etc.) –, et même à d’autres champs de la médecine comme la gastro-entérologie ou la génétique.
L’externat est l’occasion d’explorer les multiples spécialités liées au fonctionnement du cerveau : neurologie, chirurgie cérébrale, neuro-imagerie, etc. Par la suite, les possibilités sont tout aussi variées, jusqu’à l’hypnose et aux approches dites holistiques des troubles psychiques.
La coopération ? Elle est dans l’ADN de la psychiatrie
La psychiatrie pousse à inventer chaque jour de nouvelles formes de coopération au service des patients. Cette approche humble et pragmatique constitue le meilleur emploi possible des ressources de notre système de soin. Et le psychisme n’étant pas réductible au fonctionnement cérébral, les sciences humaines sont aussi le complément nécessaire des neurosciences pour un psychiatre.
Une approche intégrative des soins au patient
La prise en charge de qualité des patients est indissociable de la coopération entre les différents acteurs des champs sanitaire et social.
La coopération entre psychiatres permet de prendre en charge les situations les plus complexes pour mettre en place un accompagnement sur mesure. L’avis des collègues et de centres spécialisés est ainsi précieux pour prendre les meilleures décisions quant à une thérapeutique ou un trouble particuliers.
Les services de psychiatrie travaillent également en coopération avec les praticiens de thérapies dites complémentaires, qui sont aujourd’hui intégrées aux parcours de soin des patients. L’efficacité de certaines méthodes dans la prise en charge de certains troubles psychiques, comme l’hypnose et la méditation de pleine conscience, est d’ailleurs déjà scientifiquement validée.
D’autres professionnels, comme les acteurs du champ médico-social, sont également des parties prenantes déterminantes pour le rétablissement durable et l’intégration des personnes malades dans la société. Cette coopération permet de déployer des solutions de long terme à côté de l’hospitalisation et de la réponse médicale immédiate à la souffrance psychique des patients.
Enfin, plusieurs études ont démontré le bénéfice de l’accompagnement des patients par les pairs aidants, professionnels ou bénévoles en matière de relations sociales, d’insertion et de recours à l’hospitalisation. En s’appuyant sur leur formation universitaire, leur compétence professionnelle en psychiatrie et leur expérience du terrain, ils établissent une relation d’empathie et accompagnent les patients vers l’amélioration de leur qualité de vie.
Un écosystème élargi pour une prise en charge de qualité
Les psychiatres sont garants de l’explication médicale et responsables du soin, pas de la coordination des parcours de soin, qui peut être déléguée au médecin généraliste. Un exemple de collaboration ? Le modèle SÉSAME, qui permet de faire travailler en équipe un généraliste chargé du dépistage, un infirmier chargé de la prise en charge et un psychiatre en supervision. Ce modèle a d’ailleurs déjà fait la preuve de son efficacité.
Le monde éducatif a également un rôle de premier plan à jouer, l’école restant pour les enfants et les adolescents un espace de communication privilégié. CPE, enseignants, personnel de l’établissement : ils sont tous des acteurs décisifs pour identifier et permettre la prise en charge du trouble psychique des jeunes. Leur faire de la place, au sein du système de soin pédopsychiatrique et aux côtés des médecins généralistes, permettrait de faciliter l’accès aux soins pour de nombreux jeunes.
Dans certains cas, des formats de thérapie donnant un rôle prépondérant à d’autres acteurs que le médecin sont les plus pertinents. La thérapie multifamiliale, par exemple, regroupe plusieurs familles autour d’un même trouble psychique lors de séances de groupe pouvant être animées par des infirmiers ou éducateurs spécialisés. Pour les patients comme pour leurs familles, cette approche permet d’élargir l’environnement thérapeutique, de prévenir le risque d’isolement social, et de faciliter une juste prise de distance avec la maladie.
Les sciences sociales, de précieuses alliées pour comprendre le psychisme
Les psychiatres sont les vigies des transformations politiques et sociales, et les alliés des chercheurs en sciences humaines pour mieux les appréhender. Inversement, la recherche en sciences humaines complète les connaissances neuroscientifiques des psychiatres pour mieux comprendre l’impact des bouleversements sociétaux et environnementaux sur le développement et la prévalence des troubles psychiques.
La géographie et la sociologie permettent par exemple de mieux comprendre l’impact du milieu urbain sur la prévalence de certains troubles mentaux, comme la schizophrénie. Autre exemple : l’écoanxiété aujourd’hui, ou la peur d’une guerre nucléaire au moment de la crise des missiles de Cuba. Pour comprendre l’impact des grands événements historiques sur le psychisme des contemporains, l’histoire est aussi essentielle que la psychologie ou la psychanalyse.
La psychiatrie est une discipline encore jeune, dont le savoir reste en grande partie à construire, et qui nécessite donc beaucoup d’humilité. L’ouverture sur le monde et la curiosité pour tout ce qui s’y passe, du plus dramatique (guerres, changement climatique) au plus léger (essor du coaching), permet de multiplier les points de vue et d’éviter de tomber dans le dogmatisme.
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