La psychiatrie, l’illustration de l’evidence-based medicine
Parce qu’elle consiste à articuler les données actuelles de la science – issues notamment des essais randomisés contrôlés –, l’expérience du médecin et les préférences du patient, la psychiatrie est la meilleure illustration de l’evidence-based medicine.
Une clinique humaniste étayée par la science
Plus que toute autre spécialité, la psychiatrie illustre le fait que la technique en médecine ne peut se réduire à l’analyse biologique. Dans le cas des troubles psychiques en effet, il est primordial de parler aux patients, écouter leurs récits, être sensible aux mots qu’ils emploient et à leurs silences, voir les réactions de leur corps. Cette approche qualitative est essentielle et nécessite une technique clinique irréprochable. Il faut ensuite, par itérations successives et parfois avec l’aide de logiciels, regrouper ces multiples données en catégories rendant possibles des interprétations faisant consensus auprès des chercheurs.
En cela, la psychiatrie est un formidable laboratoire pour mettre au point de nouvelles méthodes d’évaluation des protocoles thérapeutiques, qui tiennent compte de la globalité du patient et ne le réduisent pas à un paradigme biologique.
L’objectif de la psychiatrie n’est pas seulement de soigner une pathologie et de soulager un trouble psychique, mais de permettre au patient d’avoir une vie affective et sociale. Ce dernier point est essentiel et va de pair avec l’évaluation par les patients et leurs familles. Des indicateurs comme l’amélioration de l’observance et de la qualité de vie perçue, ou la diminution des rechutes et des hospitalisations sont essentiels pour apprécier la pertinence des soins proposés
L’entretien psychiatrique : un premier effet thérapeutique
La psychiatrie, comme la médecine en général, a pour objet de soigner des malades, pas des maladies. L’établissement d’une relation thérapeutique de qualité avec son patient, la discussion, la manière de lui prescrire et de lui expliquer le recours au médicament, a un effet conjoint à celui du médicament lui-même.
Une étude menée auprès d’adolescents français souffrant de TDAH a ainsi montré que les représentations sociales et les positions épistémiques à l’œuvre dans le champ médical, ainsi que la conscience propre de leurs symptômes par les adolescents, pouvaient induire un processus d’auto-stigmatisation chez les patients.
Ainsi, à côté des éléments externes justifiant la prescription d’un médicament, les perceptions et le consentement de l’adolescent doivent être discutés avec lui, et être intégrés à la décision de prescription.
Le respect, boussole de la relation avec le patient
La psychiatrie est garante d’une relation d’intersubjectivité respectueuse de la culture, du libre arbitre, des aspirations et des ressources propres des patients. Ainsi, elle vise à identifier, cultiver et renforcer les ressources de chaque individu, au service de son développement.
Développer les ressources des patients grâce à la recherche
Le neurofeedback permet aujourd’hui à des patients jeunes comme séniors d’observer en direct et de moduler leur activité cérébrale. Dans le cadre d’un programme d’entraînement supervisé par un psychiatre, ce protocole permet de réduire les troubles mnésiques, attentionnels, émotionnels et du sommeil.
La psychiatrie aide les patients à reprendre leur destin en main et à décider de leur parcours de vie. Le temps long, les croyances du patient, sa capacité à faire confiance sont au cœur du potentiel de rétablissement du patient et de l’action psychiatrique.
Vu la prévalence de ce type de trouble parmi ces deux catégories de la population, nous avons tous à gagner à poursuivre la recherche dans ce domaine.
L’utilité de l’IA dans la relation avec le patient
En psychiatrie, l’IA permet de mieux écouter et soutenir le patient. Grâce à la collecte des données d’un patient sur plusieurs semaines, il est aujourd’hui possible d’élargir le scope thérapeutique. Ainsi, le psychiatre ne limite pas l’examen au moment de la consultation et peut se concentrer sur la communication avec le patient et l’attention portée aux signaux du corps.
Les agents conversationnels assurent quant à eux une présence thérapeutique pouvant apporter au patient la motivation nécessaire à son autonomie. Ils ne remplacent pas et ne remplaceront pourtant jamais les psychiatres : aucun algorithme ne peut contenir l’infinité des paramètres et la complexité de leurs interactions au point d’anticiper le développement d’un patient.
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