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Psychiatrie :
stop aux stéréotypes !

La psychiatrie fait l’objet de nombreuses idées reçues. Du côté des patients, on l’associe encore trop souvent à la prise de traitements lourds ainsi qu’à l’enfermement. Du côté des professionnels de santé, elle est parfois perçue comme une médecine peu innovante. Pourtant, derrière les clichés, se dévoile une discipline profondément scientifique et humaine, à la fois rigoureuse et créative. Alors tordons le cou à ces idées reçues !

À la loupe :
cinq idées reçues sur la psychiatrie

“L’ignorance mène à la peur”, disait Averroès. Ces mythes, idées reçues et diverses peurs relèvent d’une méconnaissance générale de la psychiatrie, à commencer de ses métiers. L’univers psychiatrique souffre d’une perception erronée, qu’il s’agit aujourd’hui de déconstruire.

Idée reçue #1 :
La psychiatrie,
c’est un univers anxiogène

Camisoles de force, chambres capitonnées, seringues de calmants… Cette peur ressentie à l’évocation de l’univers de la psychiatrie relève d’un imaginaire collectif et est nourrie par des croyances héritées de pratiques d’un autre temps.

Pour l’histoire, dès la fin du 18e siècle, Philippe Pinel – médecin aliéniste à l’hôpital de la Salpêtrière – lutte contre le grand enfermement des malades en mettant en place un traitement moral axé sur l’instauration d’un dialogue. L’objectif ? Les désentraver de leurs chaînes.

Depuis, la psychiatrie dispose d’un grand nombre de méthodes et outils pour prévenir, diagnostiquer et traiter les troubles mentaux, notamment la pharmacologie qui cible précisément les neurotransmetteurs responsables du trouble, et la psychothérapie.

Idée reçue #2 :
La psychiatrie, c’est un univers opaque

Psychiatres, psychologues, psychothérapeutes… il y a de quoi s’y perdre ! Ce sentiment de confusion est largement répandu face à la variété et la diversité des différents professionnels de la santé mentale.

Lequel est médecin et quel professionnel peut prescrire des médicaments ? Comment se passe la prise en charge ? Ce manque de connaissance de l’écosystème de la santé mentale et la confusion qui en découle peut parfois mener à une errance dans le parcours de soins, les individus ne sachant pas à qui s’adresser en cas de besoin.

Pour résumer : le psychiatre est un médecin. En cela, il est le seul habilité à diagnostiquer une maladie mentale et prescrire un traitement médicamenteux. Il assure aussi des psychothérapies, au même titre que le psychologue clinicien qui, lui, n’est pas médecin… d’où une certaine confusion !

Idée reçue #3 :
La psychiatrie, c’est moins prestigieux que d’autres spécialités médicales

Si les études en médecine, quelle que soit la spécialité, sont des études exigeantes, qui nécessitent de solides connaissances et un long parcours d’apprentissage, la psychiatrie y est pourtant considérée comme moins prestigieuse et on met parfois en doute son caractère médical.

En cause ? La confusion généralisée qui découle de la multiplicité de spécialistes de la santé mentale. Le caractère médical de la psychiatrie est donc bien souvent remis en cause et cette discipline s’en trouve déconsidérée chez les étudiants en médecine. Pire : cette perception s’installe bien avant les études en médecine, ce qui explique en grande partie le manque d’attractivité du métier de psychiatre.

Or, la psychiatrie est une discipline fondamentalement scientifique. Clinique, sémiologie, pharmacologie, neurosciences : la psychiatrie est fondée sur des données scientifiques et une méthodologie médicale rigoureuses. C’est même l’archétype de la médecine !

Idée reçue #4 :
La recherche en psychiatrie, ce n’est pas très intéressant

Pour près de la moitié des étudiants en médecine, la recherche en psychiatrie semble moins intéressante que dans d’autres spécialités, voire ils la déconsidèrent.

Pourtant, la recherche est très active en psychiatrie, notamment dans les neurosciences. Le cerveau est en effet l’organe le moins bien connu du corps humain. Grâce à l’avènement des techniques d’imagerie médicale dans les années 1980, nous pouvons aujourd’hui explorer le cerveau par des méthodes non invasives.

Il y a donc fort à parier que la psychiatrie est la discipline qui va connaître les plus grandes révolutions et que les étudiants et les jeunes psychiatres seront aux premières loges de ce bouleversement de la compréhension du système nerveux central, en particulier dans les troubles psychiatriques.

Damasio et le cas Phineas Gage


En 1848, à la suite d’une explosion, Phineas Gage, employé des chemins de fer aux États-Unis, reçoit une barre de fer qui lui traverse la tête de part en part. Il survit, mais est désormais incapable de gérer ses émotions et de se conformer aux usages sociaux. Plus de 150 ans plus tard, le neurologue portugais Antonio Damasio réalise une modélisation de son cerveau et découvre que la zone ventro-médiane du cortex préfrontal de Phineas Gage a été détruite lors de cet accident.

Il suggère donc, en s’appuyant sur ses travaux portant sur un cas similaire qui présente les mêmes symptômes, que cette zone assure la jonction entre raison et émotions. Un exemple parmi tant d’autres des avancées formidables permise par l’imagerie cérébrale !

Idée reçue #5 :
Être psychiatre, c’est un métier difficile et pesant psychologiquement

Aujourd’hui, les jeunes générations sont avant tout en quête d’épanouissement personnel et de reconnaissance dans leur vie professionnelle. Cette tendance s’observe également dans les professions médicales, où les jeunes médecins cherchent à allier l’équilibre de leur vie personnelle avec la reconnaissance de leurs pairs. Principal frein à cet équilibre identifié par les étudiants : la pratique psychiatrique qu’ils jugent difficile.

Près des deux tiers des étudiants en médecine jugent la spécialité trop chargée émotionnellement face à la souffrance psychique des patients.

La psychiatrie est en effet un métier très engageant. C’est le pendant de la rencontre extraordinaire avec l’autre, son histoire de vie et de la volonté d’accompagner le patient vers son désir d’améliorer sa qualité de vie.

Pour aller plus loin :
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